Les musées ne sont pas ce qu’il y a de mieux indiqué à Salvador. Il faut dire que les guides touristiques français ne mettent pas particulièrement en avant non plus la ville pour les collections muséales qu’elle pourrait abriter. Et pourtant… Même si le Brésil est attirant pour sa fête, son soleil, ses plages et ses habitants sympathiques, un petit tour dans certains de ses musées s’avère plus que recommandé pour en comprendre la très riche histoire et la civilisation.
Nous avons pour notre part émaillé notre séjour de trois semaines de quelques incursions dans certains des musées de Salvador, dont le musée d’art sacré (Museu de Arte Sacra), qu’il ne faut manquer à aucun prix (cf. les quelques lignes que je lui avais consacrées dans ce même blog). Deux autres nous ont également plu : le musée d’art de Bahia (Museu de Arte da Bahia) et le Museu Carlos Costa Pinto, proches l’un de l’autre dans la grande avenue du 7-Septembre.
Le musée d’art de Bahia occupe une grosse maison du XIXe siècle, et ses collections sont hétéroclites : beaucoup de tableaux issus de l’école bahianaise de peinture (que notre guide Michelin date de 1764 à 1850) sont ici présentés et ils valent vraiment le détour. Personnellement, j’étais ignorant de ce courant pictural-là et la scénographie permet de s’en imprégner en toute tranquillité (car nous n’y avons pas trouvé une grande foule de visiteurs en nous y rendant, hélas pour le musée, tant mieux pour nous !...). Vous y découvrez également une belle collection de gravures, plans et lithographies anciennes relatives à Salvador : on mesure ce qu’était alors cette ville, plate-forme de départ de matières premières tropicales et port d’arrivée – et de coexistence – d’une population de colons blanche et d’une autre, esclave, noire. Les scènes du XIXe s. montrant les belles dames et les beaux messieurs parés de leurs vêtements et atours européens (dans ce climat tropical !) et accompagnés de leur personnel noir chargé comme des mules donnent à certains quartiers de Salvador facilement reconnaissables une teinte toute particulière, une mise en perspective qui, encore une fois, m’a plongé dans un certain état de réflexion… A l’étage, une très belle collection de meubles et d’objets de maisons coloniales, dont certains secrétaires de toute beauté. Un art d’une grande finesse, un peu exubérant aussi, mais révélateur de beaucoup de richesses…
Le musée Carlos Costa Pinto possède des collections qui reflètent justement le luxe dans lequel vivait cette population de colons, aristocratique, du XVIIe au XIXe siècle. Bijoux en argent, cristaux de Baccarat, mobilier en jacaranda et, surtout, les « balangandas », les bijoux portés par les esclaves et qui constituaient l’essentiel de la fortune de leur existence : splendides ! Un véritable art, admirable ! Très belle visite complétant la précédente. Attention, une seule après-midi pour visiter ces deux endroits risque d’être trop juste : prévoir une grande journée ou plutôt deux demi-journées.
Est-il utile de préciser qu’aussi bien dans leur scénographie que pour leur accueil, ces musées se placent sur le même plan que celui de grands musées français ? En outre, s’ils ne sont pas gratuits – comme le musée d’art de Bahia -, le billet d’entrée est très accessible (entre 2 et 4 euros) et vous bénéficiez d’une climatisation très puissante (vous couvrir, sinon vous risquez d’attraper, comme moi, un rhume, une angine et une petite sinusite !...) ! Vous l’aurez compris, ces endroits vous sont très chaudement recommandés – merci Dimitri pour le tuyau !
Christophe Voros
Christophe Voros
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