dimanche 28 août 2011

Les faux avis de voyageurs : enfin la preuve


On s’en doutait, mais c’est le magazine Les InRocks qui l’a dévoilé hier : il existe bien des agences d'e-reputation qui fabriquent et vendent de faux avis sur le Net.
Contactées sous un faux nom, la moitié de celles-ci, françaises ou étrangères, ont accepté de rédiger et livrer de « vrais faux commentaires » sur mesure, pour un nouveau site de réservation d'hôtels censé être en ligne 15 jours plus tard ainsi que pour TripAdvisor.
Le magazine publie ainsi  le devis fourni par l’une d’entre elles, une agence parisienne ayant pignon sur les Champs-Élysées : 250 commentaires facturés 3.750 euros hors taxes.
Une autre, basée à Madagascar, propose pour 550 euros par mois de détacher à temps plein l'un de ses 75 employés pour infiltrer les forums et poster sur trois mois 25.000 commentaires inventés.
« Serveurs basés en Europe alimentés de Madagascar, connexions au site de Tripadvisor avec une clé 3G ou depuis un cybercafé pour brouiller l'identification de l'ordinateur utilisé… tous les moyens sont bons », écrit Les InRocks, qui ne dévoile évidemment pas les noms des sociétés contactées.
Dans d'autres pays francophones comme le Luxembourg, la Belgique ( !) et le Maroc, d'autres agences ont également répondu favorablement à l’appel d'offres bidon du magazine…
Nous avons ainsi calculé que, à raison de 30 commentaires par heure (un toutes les deux minutes), il aurait suffit théoriquement de 67 « petites mains » malgaches ou pakistanaises, travaillant 10 heures par jour pendant un an moyennant un jour de congé par semaine, pour rédiger les 60 millions de commentaires dont se targue TripAdvisor. Le tout pour la modique somme de 440.000 euros. Une affaire !
Un pavé dans la mare
Cette enquête — et Les InRocks passe pour un journal sérieux — jette un sacré pavé dans la mare et, dorénavant, la suspicion sur l’ensemble des sites Internet qui publient des commentaires d’internautes. Or, l’enjeu est considérable. Des centaines de sociétés, pour la plupart parfaitement honorables, vivent aujourd’hui sur la vague du web 2.0, dont les sites « communautaires » ne sont pourtant qu’un aspect.
Nous ne disons bien sûr pas ici que tous les avis de voyageurs publiés sur tous les sites web de voyage sont faux. Mais bien que, dès lors que la tricherie est avérée, ils en deviennent tous suspects.
Le scandale — car c’en est un — qu’a dénoncé Les InRocks, preuves à l’appui, ne se limite d’ailleurs pas aux sites de voyage : il y a belle lurette que les marchands de lessive ou de produits amincissants font appel à des témoignages prétendument authentiques, mais qui ne trompent plus personne. 

Claude Boumal 
19 juillet 2011

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