Ces cariocas qui déferlent dans les magasins chic de Manhattan sont-ils les Russes des tropiques ? À la tête de récentes fortunes, ils dépensent leurs dollars sans compter mais... sans ostentation. Avec un enthousiasme d’enfants gourmands, les nouveaux riches brésiliens consomment le rêve américain. Et savourent leur bonheur.
Ils sont gais, ont la démarche chaloupée, du soleil dans la voix et, désormais, ils sont riches. Les Brésiliens savourent avec délice leur nouveau statut de nation à la santé insolente, quand l’Europe et les États-Unis sont abonnés aux sanglots longs. Avec une croissance, qui même révisée à la baisse, devrait atteindre 3,5 % cette année, la sixième économie mondiale – juste derrière la France et devant le Royaume-Uni – regarde l’avenir avec confiance et gourmandise. En témoignent ces 30 millions de nouveaux consommateurs récemment sortis de la pauvreté grâce à des programmes sociaux, et une classe moyenne estimée à 100 millions de personnes, 120 millions d’ici à 2014. À lui seul, le pays recenserait 40 % des millionnaires de toute l’Amérique latine. De vieilles et aristocratiques réussites, mais aussi de bien plus récentes, issues de l’agrobusiness, des ressources naturelles (mines, pétrole ou gaz) ou encore de la finance. Soit 155 000 fraîchement fortunés prêts à mordre la vie à pleines dents. Alors, les Brésiliens voyagent. Beaucoup.
Avec un tropisme prononcé pour les États-Unis, qu’ils guignent comme des enfants lorgnent sur un magasin de bonbons.Ce jour-là à New York, sur le stand d’un fabricant de doudounes de luxe, Marcia Pontes regarde sa fille Livia, qui s’amuse à essayer tous les modèles. « On ne peut pas dire que tu en auras vraiment besoin à Rio, mais bon... », soupire-t-elle, avant d’en acheter une « pour les voyages ». Plus tard, Beverly, vendeuse de chez Bloomingdales, confirme : « Depuis deux ou trois ans, la clientèle brésilienne est en augmentation constante. Elle est en général très facile et beaucoup repartent avec une montagne de sacs ! »
« Ils ont, en plus, un attachement particulier pour New York », explique Lillian Holtzclaw Stern, broker chez Sotheby’s Immobilier. « Il y a toujours eu de riches Brésiliens, plutôt “old money” à Manhattan. Ce qui est nouveau, c’est ce flux croissant de visiteurs qui veulent aller à Broadway, faire des courses et la fête. C’est probablement moins intimidant que Paris pour eux. » Ils sont ainsi près de 2 millions à avoir visité les États-Unis en 2010, dont 450 000 pour la Grosse Pomme , laissant au passage pas moins de 5,9 milliards de dollars. « Let them in! » (Qu’on les laisse entrer !) titrait d’ailleurs le sérieux magazine Time il y a quelques mois, faisant allusion aux tracasseries de visas pour les ressortissants brésiliens. Avant, ils venaient pour trouver un travail. Aujourd’hui, ils consomment et créent des emplois. Ils dépensent plus que n’importe quelle autre nationalité : 43,3 millions de dollars par jour dans le monde en moyenne !
Et la roue tourne en chantant!
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